Vivre de peu mais mieux
Le fait de consommer, de pouvoir acheter le dernier produit tendance, nous rend-il vraiment plus heureux ? C’est ce que nous a poussé à croire la société de consommation depuis près d’un demi-siècle. Certaines personnes ont pourtant décidé d’aller à contre-courant de cette idée et de revenir à un mode de vie plus simple, en prenant le temps de s’interroger sur leurs possessions matérielles et sur ce qu’elles leur apportent. Et si pour vivre mieux il fallait finalement vivre de peu ?
Une société malade de l'hyper consommation
La consommation de masse est apparue dans les années 60. Les biens de consommation courante sont alors devenus plus accessibles, tant au niveau financier qu’au niveau pratique, avec l’apparition des premiers supermarchés. Le développement d’Internet depuis les années 90 n’a fait qu’accentuer ce phénomène.
Si elle a longtemps été considérée comme un véritable progrès, au fil des années la consommation est devenue un monstre, et cette surconsommation a engendré de multiples problèmes.
Elle a d’abord eu un impact écologique dévastateur avec l’épuisement des ressources naturelles, la pollution, la déforestation, et la disparition de nombreuses espèces.
Elle a eu aussi un effet néfaste sur la santé des pays occidentaux avec le développement de nombreuses maladies (que l’on appelle maladies d’abondance) comme l’obésité, le diabète, les maladies cardio-vasculaires, et certains cancers. Beaucoup de ces maladies sont liées aux nouveaux modes de consommation, aux éléments transformés (trop salés, trop sucrés) qui ont progressivement remplacé les produits naturels, et à l’abus de pesticides, qui finissent dans nos assiettes.
Enfin, cette surconsommation a également eu des effets psychologiques, en créant sans cesse de nouveaux besoins, et une frustration pour ceux qui, faute de moyens, ne peuvent pas accéder aux produits dont la publicité vante les mérites à longueur de journée.
Comprendre ses besoins, différents des désirs
En réaction à cette surconsommation, certains souhaitent revenir à un mode de vie radicalement différent, orienté plus vers nos besoins que vers nos désirs. Less is more, disent les Anglo-saxons. Il existe même un courant qui va dans ce sens, le minimalisme.
Cette réaction de certains consommateurs est souvent liée à une prise de conscience écologique, et à l’idée que notre façon de consommer a un impact direct sur notre environnement, et donc sur notre santé et notre bien-être. Il ne s’agit pas de ne plus rien acheter, mais d’acheter mieux, de privilégier la qualité à la quantité. Cela passe aussi par la réduction de nos déchets, par le fait d’acheter des produits d’occasion plutôt que neufs (comme les vêtements par exemple), d’éviter les produits jetables (mieux vaut par exemple utiliser une gourde qu’une bouteille en plastique, un verre plutôt qu’un gobelet, des serviettes en tissu plutôt que des serviettes en papier, etc.)
Le minimalisme est aussi lié au courant du slow life, qui prône un ralentissement de notre mode de vie, le fait de prendre du temps pour apprécier ce que l’on a. Dans une société moderne qui nous encourage à acheter toujours plus pour être heureux, il faut aussi travailler toujours plus pour pouvoir consommer, il faut comparer ses possessions à celles des autres, il faut sans cesse ranger, organiser, optimiser son espace. Consommer devient une véritable source de stress au quotidien.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les motivations de ceux qui se tournent vers le minimalisme sont rarement économiques. C’est plutôt quand on les moyens d’acheter tout ce que l’on désire, que l’on se rend compte que cela ne nous rend pas heureux pour autant.
Le minimalisme
Le minimalisme ne consiste pas à se débarrasser de tout ce que l’on possède, mais plutôt à revenir à l’essentiel, à ce qui est réellement important pour nous, et à se délivrer du superflu qui ne nous apporte rien. Il s’agit de prendre le temps de reconsidérer chaque chose et de se demander pourquoi on la possède (parce qu’elle est utile ? Parce qu’elle est à la mode ? Parce qu’elle suscite en nous des souvenirs ?). C’est l’occasion de réfléchir sur soi même, de considérer ses attentes, ses besoins, sa vie.
Le minimalisme ne se résume pas à jeter, c’est un véritable art de vivre. Il s’agit de faire du tri dans ses placards bien sûr, mais aussi plus largement dans son mode de vie, dans son agenda, dans ses connaissances, dans son assiette.
Quand on parle de minimalisme, on pense notamment à l’auteur japonaise Marie Kondo, qui a rencontré un succès phénoménal avec son livre L’art du rangement (il a été vendu à plus de 8 millions d’exemplaires à travers le monde). La méthode Konmari qu’elle a inventée, associe rangement et développement personnel. L’idée principale qu’elle développe dans son livre est qu’avoir un intérieur rangé et ordonné, en se débarrassant du superflu, favorise la relaxation et le mieux-être.
Mais le minimalisme n’est pas seulement lié aux contingences matérielles. La surconsommation peut aussi être virtuelle avec l’hyperconnexion, et le temps que nous passons dans des espaces virtuels (mails, réseaux sociaux, informations) au détriment de nos relations avec les autres par exemple. Il s’agit de favoriser les expériences de vie plutôt que les possessions matérielles et virtuelles.
Pourquoi vivre avec peu peut nous permettre de mieux vivre
Choisir de vivre avec peu engendre de nombreux bénéfices dans notre vie de tous les jours.
➜ On est d’abord moins stressé à l’idée d’acquérir le nouvel objet à la mode, et de trouver les moyens de l’acheter. On réduit ainsi sa charge mentale.
➜ On passe moins de temps à s’occuper de ces objets qui ne nous servent à rien mais qui nous encombrent et qu’il faut entretenir.
➜ On gagne de l’espace et de la clarté dans nos intérieurs, et une meilleure qualité de vie (moins de ménage, moins de corvées quotidiennes, moins d’énervement)
➜ On gagne ainsi du temps pour s’occuper de choses plus importantes et plus valorisantes, comme passer du temps avec ses proches.
➜ On fait également des économies.
➜ On réduit son impact écologique, et la culpabilité engendrée par les répercussions de notre façon de consommer sur l’environnement.
Ce lâcher-prise, et cette réflexion sur notre manière de consommer, permettent de retrouver un mieux-être et une paix intérieure.